L’autre jour, lorsque les « restrictions sanitaires » ont été fortement allégées, j’ai lu qu’un représentant d’un groupe de personnes immuno-déficientes s’indignait : « On nous abandonne », disait-il, car « il est bien plus risqué d’être seul à porter un masque au milieu d’une foule de gens qui ne le portent pas ».
Autrement dit : Pour assurer la sécurité de ces personnes, effectivement en danger accru d’« attraper une maladie », il conviendrait que nous nous résignions tous à garder le masque partout où il y a du monde…
Désolé, Monsieur : Il y aura toujours des personnes plus fragiles que la moyenne ; et le virus responsable du Covid circulera, désormais, toujours parmi nous – comme bien d’autres d’ailleurs… C’est donc une condamnation à perpétuité au port du masque (et, j’imagine, à limiter les rassemblements à 10 ou 20 personnes…) que vous entendez nous infliger !
Permettez qu’on fasse recours… La solidarité, vertu louable s’il en est, a cependant ses limites…
Sécurité totale versus liberté totale ?
Au-delà de la question de savoir si un élan de solidarité devrait, ou non, nous pousser à accepter de porter en tout temps un masque dans toute situation où l’on côtoie des inconnus, ce qui me frappe c’est ce clivage qui semble s’être installé dans notre société : D’un côté, certains – sonneurs de cloche ou autres – réclament une totale liberté, et s’estiment scandaleusement contraints lorsqu’on les prie de se faire vacciner, ou de présenter un Pass Covid, ou de limiter la taille de leurs fêtes et autres manifestations…
Et en face, d’autres revendiquent leur totale sécurité comme un dû, et réclament pour cela des mesures fortes de santé publique ; et tant pis si le reste de la population doit pour cela souffrir de ne point voir de visages en public, ou de ne pas pouvoir se rassembler librement…
Faut-il vraiment croire qu’on fait violence aux uns ? Aux autres ? Ou une attitude non-violente ne consisterait-elle pas, pour tous, à s’accommoder de nos situations différentes, de nos intérêts divergents, et à accepter que non, décidément, ni notre liberté ni notre sécurité ne peuvent être totales et sans limites ?
Accepter des contraintes lorsqu’une urgence sanitaire collective demande de nous serrer les coudes… Accepter d’autre part que le risque zéro n’existe pas (et n’est d’ailleurs nullement souhaitable). Se souvenir que toute vie finira un jour, et que d’ici à ce jour, le mieux qu’on puisse faire est de vivre le mieux possible, le plus gaiement possible, tous ensemble. Se convaincre que chacune, chacun de nous est quelque part responsable des autres, mais que chacun est d’abord et avant tout responsable de soi et pour soi…
Morges, le 22.02.2022 / Philippe Beck
P.S. du 27 février:
Ces derniers jours ont fleuri sur nos murs les affiches électorales. Et je vois avec beaucoup d’amusement que le PLR claironne le mot «Libertés», et l’UDC: «Libertés et Solidarités». Pas sûr pourtant qu’eux et moi parlions de la même chose…