La défense civile non-violente

Quand nous voyons les dégâts causés par les missiles en Ukraine, les destructions d’immeubles, les morts civils et les fuites de la population à l’étranger et que nous entendons les menaces nucléaires nous paniquons à l’idée des guerres encore possibles aujourd’hui en Europe. Nous aimerions préserver notre sécurité, notre identité, notre culture de toute invasion étrangère et nous cherchons le moyen d’éviter la guerre devenue trop coûteuse à cause des armes de destructions massives. La population civile que l’armée prétend défendre est la 1ère victime de la guerre.

Les gouvernements choisissent de se surarmer. En Suisse le Parlement a voté 2 milliards de plus pour l’armée ajoutant ainsi plus de menace aux menaces pour plus de violence à la violence.

N’y a-t-il pas une autre façon de se défendre ? Des auteurs ont proposé une défense civile non-violente inspirée d’événements qui se sont déroulés pendant des périodes d’occupation militaire.
Il s’agit de la part de civils de résister aux forces d’occupation par des actes de résistance de ,désobéissance et de non collaboration afin de les dissuader de maintenir leur occupation du territoire.

Il y a de nombreux exemples dans l’histoire récentes de telles résistances civiles parfois symboliques mais qui montrent l’opposition de la population à une occupation militaire.

Au Danemark les gens ont arboré l’étoile jaune en solidarité avec les Juifs, les Suédois ont porté un bonnet rouge en dérision de l’armée d’occupation, les instituteurs Norvégiens ont refusé de répandre la propagande nazie. En Tchécoslovaquie les citoyens ont manifesté contre la présence de chars soviétiques et les ont dissuadés de rester à Prague. Tout le monde se souvient de Gandhi et de la marche du sel et autres manifestations pour obliger les troupes britanniques à quitter le pays. Ces quelques gestes symboliques paraissent dérisoires devant une force armée mais ils ont eu leur effet sur le moral des troupes d’occupation. D’autres moyens non-violents sont plus efficaces comme la grève générale ou la grève perlée, la ville morte quand tout le monde observe un confinement, le boycott des livraisons de biens et services à l’ennemi. Il importe toujours pour les civils de rester polis et respectueux envers les soldats et d’éviter des attentats de partisans qui vont se payer très chers comme on l’a vu pendant l’occupation en France à Oradour ou dans le Vercors. Il ne faut pas confondre résistance armée de partisans et résistance non-violente. L’ennemi peut même procéder à des arrestations et condamnations à mort mais il se déconsidère devant la population.

Tous ces actes ont été spontanés et pas prévus en avance. S’ils sont organisés en temps de paix ils peuvent devenir très dissuasifs pour qui espère gagner l’estime d’une population et gouverner le pays. La dissuasion civile est plus réaliste que la dissuasion nucléaire qui reste illusoire.

Certains auteurs prévoient une étape de transition entre la défense armée et la défense civile non-violente. C’est le trans armement. Cette disposition répond à la crainte du gouvernement de rester sans la défense armée qu’il juge nécessaire mais à mon avis cela met en danger les civils en favorisant une riposte de l’ennemi sur la population des défaites subies par leur armée. L’avantage d’une préparation civile non-violente c’est que non seulement elle dissuade toute occupation étrangère mais elle ne menace en rien les voisins qui pourraient craindre une attaque de sa part.

Texte d’une allocution donnée au festival Alternatiba 2022 à Genève

Michel Monod, co-président du Cenac, septembre 2022

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