Des visons et des hommes…

Rappelez-vous: la crise «de la vache folle», dans les années 90, a été causée par des élevages massifs de bovins, qui nourrissaient ces animaux avec des farines animales… Résultat: 224 victimes humaines et des millions de bêtes abattues… mortes pour rien (2,4 millions rien qu’en Grande-Bretagne).

En 1983-84, les États-Unis connaissent une épizootie de grippe aviaire. La faute à des élevages «en usines» où des centaines de milliers de volatiles s’entassent honteusement dans des cages bien trop petites, conditions idéales pour que des agents infectieux se répandent entre ces animaux… puis au personnel concerné. Résultat: 17 millions de volailles gazées !

Puis, en 2004, une souche mutante de cette maladie (la fameuse H5N1) s’avère transmissible à l’homme. Résultat: des centaines de gens infectés, avec un taux de mortalité de 60%, et… d’autres millions de bêtes abattues.

Et ces jours, nous apprenons que les souches du Coronavirus qui ont causé la 1ère, puis la 2e vague de l’actuelle pandémie en Europe, ne sont pas directement celles qui avaient endeuillé la Chine l’hiver dernier, mais des mutants en provenance d’élevages de visons. Là encore, sont en cause d’épouvantables usines à bêtes, où les visons s’entassent dans une promiscuité folle.

Je croyais naïvement que le vison était une petite bête sauvage que des chasseurs emmitouflés poursuivaient pour le bien-être hypothétique de quelques élégantes… J’avais tout faux : rien qu’en Europe, 2’750 élevages intensifs regroupaient 30 millions de visons (la Chine en a à peu près le même nombre). Regroupaient… j’écris au passé car une fois de plus, le seul moyen trouvé pour endiguer la propagation du virus (90% d’animaux infectés aux Pays-Bas, et – ceci impliquant cela – 68% des travailleurs contaminés) est un abattage massif. 15 millions de bêtes gazées rien qu’au Danemark, le plus gros producteur européen…

Un élevage en Italie serait – ce n’est encore qu’une «hypothèse solide», comme on dit – la source de la 1ère vague de Covid-19 en Europe. Et d’un élevage en Espagne (100’000 bêtes !!) proviendrait la souche qui affole actuellement la Grande-Bretagne, entre autres…

Je ne crois pas être atteint de sensiblerie. Je ne suis pas végétarien: je considère que tuer pour se nourrir fait partie intégrante du vivant (j’y reviendrai sans doute dans un article ultérieur). Mais comment ne pas voir que ces modes d’élevage intensif et massif, entassant des animaux sans aucun respect de leur bien-être, les nourrissant de produits qu’ils ne sont absolument pas faits pour manger, sont à la fois un scandale en matière de respect des bêtes et un fléau pour la santé de tous – humains et animaux.

Qu’on n’autorise à élever des vaches que sur des prés où elles brouteront de l’herbe. Qu’on n’élève des poules et autres volailles que dans des enclos où elles puissent grattouiller le sol comme elles aiment le faire – comme elles doivent le faire. Bref: qu’aucun animal ne soit condamné à vivoter dans des conditions radicalement différentes de celles qu’il connaîtrait s’il vivait hors de notre néfaste compagnie. Et qu’on n’élève aucun animal pour autre chose que sa laine, son lait, ses œufs, éventuellement sa viande, mais pas juste pour sa peau. Le monde n’en sera que plus sain, plus beau, plus… moral, si j’ose ce mot hélas désuet…

Philippe Beck, Morges

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