Créer des «principes pour la paix» ?

Dans la morosité covidienne ambiante, j’ai pêché hier une excellente nouvelle dans le Courrier d’hier (16.12.2020): la création à Genève d’une «initiative» visant à établir, dans un délai de 2 ans, des «Principes pour la paix» valables aux niveaux international, national et local.

Le processus sera piloté par l’ONG Interpeace, dont la directrice relève à juste titre que «trop de processus de paix ont échoué à réduire efficacement ou à mettre un terme aux conflits violents. Et pourtant, la communauté internationale continue d’appliquer les mêmes solutions et d’attendre des résultats différents» (citation du Courrier). On ne saurait mieux dire…

Une commission internationale d’experts a été créée : anciens dirigeants politiques, spécialistes de l’humanitaire ou du développement… La commission facilitera des consultations dans plus de 40 pays, visant à donner la parole aux populations qui en ont si peu, notamment les femmes et les minorités ethniques.

Voilà qui est bien. Trop d’initiatives «diplomatiques» se contentent de réunir du «beau linge» – et Interpeace elle-même n’est pas en reste, si j’en crois son site Internet… Alors : oui, allez-y, donnez la parole aux gens qui vivent douloureusement les conflits armés – plus de 50 actuellement -. Et… écoutez-la, surtout !

Je relève aussi avec plaisir qu’Interpeace présente ainsi son mandat : «Renforcer les capacités des sociétés à gérer les conflits de manière non-violente et non coercitive, en assistant les acteurs nationaux dans leurs efforts pour développer la cohésion sociale et politique […]».

Encore cette bonne nouvelle: il paraît que la Suisse (officielle) soutient d’ores et déjà cette initiative. Tant mieux tant mieux… même si elle aurait sûrement pu faire un pas concret vers l’élimination de certains conflits en soutenant la récente initiative «pour des multinationales responsables», plutôt que d’aider à la torpiller comme elle l’a fait. En effet, ne l’oublions pas, les agissements criminels de certaines firmes multinationales contribuent à fragmenter les sociétés locales, à en polariser les populations… autant de facteurs qui parfois mènent à des conflits armés !

On rêve d’une Suisse qui soit aussi généreuse et éprise de paix sur le terrain – et lorsque ses intérêts économiques sont en jeu – que dans les salons des hôtels genevois…

Mais ne soyons pas pessimistes – et souhaitons belle et bonne route à cette «initiative».

Philippe Beck, Morges

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